Resume of a review of transformative strategies for climate mitigation by grasslands

Nuria GOMEZ-CASANOVAS, Elena BLANC-BETES, Caitlin E.MOORE, Carl J. BERNACCHI, Ilsa KANTOL, Evan H. DELUCIA, 2021

Le rapport du GIEC publié récemment montre l’urgence climatique dans laquelle nous nous situons. Il devient essentiel de trouver de nouvelles pratiques pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre et favoriser le stockage carbone.

Les prairies sont, à ce titre, souvent considérées comme des puits permettant le stockage du carbone. Cependant, l’étude de Nuria Gomez-Casanovas et ses collaborateurs de l’université de l’Illinois montre que l’intensification de nos pratiques tend plutôt à diminuer leur capacité de stockage, voire même à en faire des sources de carbone plutôt que des puits. Pour trouver des solutions permettant d’inverser cette tendance, Nuria Gomez-Casanovas et son équipe ont étudié les effets de quatre pratiques innovantes visant à ralentir le changement climatique grâce aux prairies :

  1. Le pâturage adaptatif à enclos multiples (Adaptive multi-paddock grazing ou AMP). Il consiste à limiter le surpâturage en imitant le comportement des troupeaux sauvages en milieu naturel.
  2. L’agrivoltaïsme d’élevage.
  3. L’agroforesterie valorisant une espèce arbustive à la phénologie unique : Faidherbia (Acacia) albida.
  4. L’altération forcée (Enhanced Weathering ou EW) appliquée aux prairies, qui consiste de la poudre de roches silicatées sur les cultures à l’échelle mondiale.

Toutes ces solutions sont particulièrement intéressantes et gagneraient à être plus étudiées. Il est évident qu’elles ne sont pas exclusives, mais qu’au contraire nous avons tout intérêt à les utiliser, dans la mesure du possible, en synergie. 

En tant qu’acteur du domaine de l’agrivoltaïsme d’élevage cependant, nous avons lu avec beaucoup d’attention l’analyse que propose cette étude sur cette filière. Et la conclusion est que nous manquons cruellement de retour d’expérience pour quantifier les conséquences et les avantages d’un déploiement massif de l’agrivoltaïsme.  

Plusieurs éléments peuvent influencer le stockage et les émissions de carbone d’une prairie en agrivoltaïsme :

L’augmentation avérée de l’efficacité hydrique des plantes sous panneaux permettrait, à même quantité d’eau, d’augmenter l’efficacité du stockage de carbone. L’ombrage en revanche est un outil à double tranchant. Il peut protéger les plantes contre les trop fortes irradiations et maintenir un haut niveau de photosynthèse, et donc le stockage de carbone, mais peut aussi la pénaliser en conditions d’ensoleillement normales. Pour ce qui est des impacts négatifs, il est possible que la diminution de l’albédo sur les surfaces photovoltaïques pourrait avoir un effet réchauffant, ce qui pourrait diminuer l’intérêt du photovoltaïque pour le changement climatique. Concernant les émissions des autres gaz à effet de serre (protoxyde d’azote N2O et méthane CH4), l’article conclut que les connaissances sont trop lacunaires pour pouvoir en tirer une conclusion solide. 

Ce que nous montre cette étude c’est bien que, au vu des objectifs ambitieux de la transition énergétique, il est urgent de mieux comprendre les systèmes agrivoltaïques. Nous avons besoin de quantifier leurs effets sur le changement climatique, et quels rôles ils ont à jouer en tant qu’outil de la transition énergétique. 

Les systèmes valorisant les prairies en particulier pourraient énormément profiter de ces études. Ils sont encore aujourd’hui sous considérés, alors qu’adapter leur design et les technologies utilisées pour répondre à leurs besoins spécifiques pourrait considérablement améliorer leurs intérêts tant agricole qu’environnemental.

Source : www.sciencedirect.com